Chaque année, en célébrant cette journée, ce sont les mêmes poncifs qui reviennent : innovation, réforme… C’est que notre artisanat n’a pas bougé d’un iota.
On célèbre, aujourd’hui 16 mars, la Journée nationale de l’artisanat et de l’habit traditionnel. Nos enfants nous ont, d’ailleurs, précédés dans la fête, avant de partir en vacances scolaires. Car, commémorer son patrimoine ancestral est aussi une culture qui s’apprend. Voire un héritage qui se transmet de génération en génération. Mais il y a un hic ! Cela fait trois décennies durant que l’on renoue avec ce rendez-vous annuel à peine tracé sur un calendrier festif assez figé. Et encore loin de la réalité, à vrai dire. Bien que nationale, cette journée s’est vue réduite à sa plus simple vocation cérémoniale. Soit du faux-semblant folklorique qui va de l’image à la rhétorique. Le tout accompagné du même message stérile qui n’a produit que des clichés et des impressions stéréotypées. En matière de promotion du secteur, on n’est pas encore sorti des sentiers battus.
Pourquoi célèbre-t-on ainsi cet évènement? L’artisanat tunisien a-t-il besoin d’une journée pour être commémoré ? Un tel regard occasionnel porté sur ce secteur nous édifie sur une crise, à bien des égards. Celle d’ordre économique et socioculturel, étant donné que ses produits ont perdu des parts de marché. Ses indices des prix à la consommation familiale semblent en nette régression. Son PIB n’a, jusque-là, dépassé le seuil de 2%, alors que ce secteur emploie plus de 350 mille artisanes et artisans, avec des villages d’artisanat dans pas mal de régions. Y-a-t-il de solutions à l’horizon ? En dépit des foires et salons, reconnus comme tremplin pour l’exportation, le secteur, semble-t-il, ne se porte pas bien. Son bilan est jugé peu reluisant, loin des ambitions. Endettés, à la merci des matières premières qui se font encore rares, les commerçants n’ont pas pu subvenir à leurs besoins pressants. D’autres, sous l’effet de la Covid, ont fini par fermer boutique. A cela s’ajoute, à leurs yeux, un réseau mafieux qui investit le marché. Et l’économie informelle vient, ce alors, boucler la boucle.
Un plan resté figé
Au-delà d’une journée largement célébrée, l’artisanat tunisien est un gagne-pain au quotidien. Une activité authentique qui s’opère avec passion et beaucoup de doigté. Un métier dépositaire d’imaginaire social et d’identité. Il y avait eu, en 2017, un plan quinquennal de restructuration, reposant sur cinq axes du développement. Cela allait de la réforme juridique et institutionnelle à une stratégie de communication promotionnelle, passant par la formation-qualité et la commercialisation. Théoriquement, tout était bien dit et établi. Sur le terrain, on ne voit rien venir. Quatre ans déjà, une telle initiative de salut demeure, hélas, une lettre morte. En ces temps de crise, le secteur a plus que jamais besoin d’un souffle novateur. Il s’attend à une réelle reprise sur des bases solides. Du reste, célébrer, en grande pompe, la journée de l’artisanat, c’est bien la traduire dans les faits. Et faire une pause de réflexion et d’évaluation. C’est ainsi que notre artisanat pourra redorer son blason.